L’insuffisance rénale

Il y a insuffisance rénale lorsque le rein ne peut plus filtrer le sang et que les toxines s’y accumulent. Il existe deux formes de la maladie : la forme aiguë, atteinte grave apparaissant de façon soudaine quel que soit l’âge de l’animal, et la forme chronique correspondant à une destruction progressive et toujours irréversible du rein, fréquente chez les chats âgés (2ème cause de décès) et les chiens âgés (3ème cause de décès), avec des premiers signes cliniques visibles tardivement dans le processus. Un dépistage au plus tôt est donc important pour allonger l’espérance de vie de votre animal (à partir de l’âge de 7 ans pour les chats, 7-8 ans pour les chiens de petites races et 5 ans pour les chiens de grandes races).

Quelle que soit la forme de la maladie, la rapidité de la mise en place d’un traitement adapté avec suivi et d’une alimentation spécialisée conditionnent le rétablissement et la durée de vie de l’animal. Il est aussi possible, grâce à certaines précautions quotidiennes, de limiter le risque d’une insuffisance rénale.

Le chat boit très peu d’eau et est sujet aux infections urinaires. Ces particularités font que le chat est une espèce sensible au niveau de sa fonction rénale.

Les signes et les complications

En cas d’insuffisance rénale aiguë, des signes apparaissent brutalement :

  • mauvaise haleine (odeur de « pomme verte » due à l’ammoniac) ;
  • diminution de l’appétit ;
  • vomissements ;
  • diarrhée ;
  • diminution voire arrêt du débit urinaire ;
  • dysurie, pollakiurie ou urines colorées (selon la cause) ;
  • déshydratation ;
  • respiration rapide ;
  • température basse ;
  • ralentissement du rythme cardiaque ;
  • abattement ;
  • ataxie ;
  • crises convulsives (plus rarement).

Les signes de l’insuffisance rénale chronique sont très variables selon le stade d’avancement de la maladie :

  • mauvaise haleine ;
  • plaque dentaire brune et grasse ;
  • saignements des gencives ;
  • stomatite ;
  • lésions des muqueuses buccales ;
  • pétéchies ;
  • ecchymoses ;
  • pelage terne ;
  • manque d’appétit ;
  • vomissements et/ou diarrhée (avec sang possible) ;
  • déshydratation malgré une augmentation de l’absorption d’eau ;
  • augmentation de la quantité d’urine (également observée en cas de diabète) avec présence de sang possible ;
  • perte de la propreté à la maison ;
  • amaigrissement ;
  • fatigue ;
  • paralysie intestinale ;
  • douleur abdominale ;
  • hyperparathyroïdie secondaire à l’insuffisance rénale chronique ;
  • hypertension artérielle secondaire (risque de décollement rétinien et d’hypertrophie cardiaque gauche) ;
  • atteintes du système nerveux : troubles du comportement (hyperexcitabilité…), stupeur, diminution de la vigilance, léthargie, faiblesse musculaire, ataxie, crampes, tremblements, crises convulsives et coma.

Les causes

L’insuffisance rénale aiguë peut se produire pour de nombreuses raisons :

  • déshydratation due à une absorption d’eau réduite ;
  • intoxications aux métaux lourds ou aux médicaments (néphrotoxiques) ;
  • maladies infectieuses (leptospirose, leishmaniose, infections à staphylocoques ou à E.coli via la nourriture) ;
  • pancréatite ;
  • inflammations des reins (néphrite, pyélonéphrite…) ;
  • calculs rénaux ;
  • tumeurs rénales ;
  • mauvaise circulation sanguine ;
  • épanchement, hémorragie, affections cardiaques, choc septique.

Les causes possibles de l’insuffisance rénale chronique sont multiples :

  • leucose (FeLV) ;
  • prédispositions génétiques (race persan par exemple) ou anomalies congénitales ;
  • vieillissement prématuré ou non du rein ;
  • consommation d’eau insuffisante (déshydratation) ;
  • ingestion de toxiques ou de médicaments nocifs pour le rein ;
  • maladies (leptospirose, amyloïdose…) ;
  • calculs urinaires (rénaux, urétéraux ou urétraux) ;
  • infections urinaires chroniques ;
  • pyélonéphrite (infection du rein) ;
  • lésions au rein ;
  • tumeurs rénales ;
  • diabète ;
  • hypertension.

Le diagnostic

Sur la base des signes que vous lui décrirez et après un examen clinique général, votre vétérinaire vous proposera probablement de réaliser certains examens complémentaires afin d’affiner le diagnostic, caractériser la gravité des lésions (4 stades), établir la cause primaire (en cas d’insuffisance rénale aiguë), donner un pronostic vital à votre animal et adapter le traitement : prise de sang (biochimie, numération formule, ionogramme…), analyse d’urine, sérologie, échographie des reins, biopsie rénale, mesure de la pression artérielle.

Le pronostic

En cas d’insuffisance rénale aiguë, les dommages peuvent être réversibles, à condition d’éliminer rapidement la cause.

En revanche, l’insuffisance rénale chronique ne peut être guérie. Le pourcentage de tissu rénal détruit au moment du diagnostic l’est de manière irréversible et la maladie évolue. Le pronostic va dépendre de l’âge, la présence d’anurie, d’oligurie et d’affection systémique, l’étendue des lésions rénales et la réponse au traitement mis en place. Le traitement a pour but d’augmenter la durée de vie (plusieurs années selon le stade de la maladie) en stabilisant l’évolution, améliorer les signes et éviter les complications pour un meilleur confort de vie de l’animal.

Le traitement

Le traitement contre l’insuffisance rénale aiguë ou chronique est à mettre en place exclusivement par un vétérinaire

Ce dernier peut vous proposer d‘hospitaliser votre chat ou votre chien sous perfusion dans les cas les plus graves, lors de crises ou en cas d’insuffisance rénale aiguë. La perfusion permettra de le réhydrater, de réaugmenter le débit de filtration des reins et de forcer les reins à éliminer les toxiques. L’utilisation de diurétiques spécifiques peut aussi s’avérer nécessaire. Si votre animal refuse de manger, votre vétérinaire peut proposer de placer une sonde dans l’estomac pour le nourrir. Lors d’une insuffisance rénale aiguë, le vétérinaire cherchera la cause afin de la traiter.

Des médicaments seront administrés selon les signes et les résultats des examens : antivomitifs, antidiarrhéiques, pansements gastro-intestinaux, antiacides, probiotiques, supplémentations en fer, hypotenseurs, compléments permettant de freiner l’hyperparathyroïdie secondaire…

En général, un chat ou un chien atteint d’insuffisance rénale ne souffre pas sauf en phase terminale, quand les reins ne fonctionnent plus du tout et que les taux d’urée sont très importants. L’animal est alors comateux, très nauséeux, voire il convulse. A ce stade, l’alimentation diététique et les médicaments ne suffisent plus. Par conséquent, l’euthanasie est nécessaire pour mettre un terme tout en douceur aux souffrances de votre compagnon.

⚠ Toute prise de médicament susceptible d’endommager les reins doit être interrompue ou remplacée par un médicament similaire qui n’abîme pas les reins.

Le suivi médical

Un chat ou un chien traité pour une insuffisance rénale aiguë doit être suivi par son vétérinaire, même s’il semble aller bien, afin de réaliser d’autres analyses sanguines. Si les taux de créatinine et d’urée sont normaux, l’animal est guéri.

Un animal sous traitement pour insuffisance rénale chronique doit être vu fréquemment par son vétérinaire : généralement une semaine à dix jours après la mise en place du traitement pour un contrôle sanguin, puis au moins deux à trois fois par an quand tout va bien et que son état est stable. 

Les visites ont pour but de contrôler physiquement votre animal (poids, taux d’hydratation, pression artérielle…) et réaliser des examens de laboratoire (biochimie sanguine, numération formule sanguine, analyse d’urine…) pour permettre à votre vétérinaire de déterminer la réponse au traitement et d’évaluer la condition de votre animal. Le traitement sera modulé et adapté en fonction des résultats de ces différents examens et des rares, mais possibles, effets secondaires des médicaments.

L'indispensable alimentation diététique rénale

Dans la mesure du possible, il ne faut donner qu’une nourriture diététique rénale (de qualité premium) à votre animal. C’est la seule et unique alimentation qui optimisera ses chances de ne pas refaire de crise urémique et évitera que la maladie ne progresse plus rapidement. Votre vétérinaire vous conseillera des aliments spécialement formulés pour chat ou chien en insuffisance rénale. 

Ce type d’alimentation doit répondre à plusieurs objectifs :

  • augmentation de l’apport en eau : aliment humide (pâtées, sachets), croquettes humidifiées… ;
  • protéines animales de très bonne qualité (pour ne pas accélérer le vieillissement des reins…) et très digestibles ;
  • basse teneur en protéines pour que les reins ne soient pas obligés de filtrer trop de protéines ;
  • aliment plus riche en énergie et en lipides ;
  • apport en phosphore réduit pour prévenir ou ralentir la fibrose du rein ;
  • dosage plus faible en sodium pour limiter le risque d’hypertension ;
  • vitamines hydrosolubles en quantité plus élevée car elles sont grandement éliminées par les reins lors de polyurie ;
  • rapport omega3/omega6 équilibré ;
  • apport en fibres suffisant pour aider la motilité intestinale et diminuer l’excrétion rénale en déchets azotés.

Les aliments de type « rénal » sont moins appétissants que les autres aliments mais les fabricants ont fait des efforts en matière d’appétence, il suffit parfois de tester différents produits pour trouver le bonheur de votre chat ou votre chien.

Vous pouvez aussi opter pour la bi-nutrition dans la même marque : les croquettes pour retarder l’apparition du tartre et la pâtée pour son apport en eau qui contribue à la réhydratation de l’animal malade et que l’on peut tiédir pour la rendre plus appétente. La transition alimentaire doit être progressive pour habituer votre animal à sa nouvelle alimentation.

Si vous avez tout essayé et qu’il refuse l’alimentation diététique rénale, il vaut alors mieux qu’il mange autre chose plutôt qu’il ne mange pas du tout.

Les restes de table et les friandises qui sont néfastes pour les reins de votre animal sont à éviter.

Laissez toujours de l’eau fraîche, filtrée et en grande quantité dans plusieurs soucoupes très propres et très larges pour votre chat (afin que ses moustaches ne touchent pas les bords…) ou dans une gamelle en inox pour votre chien afin d’éviter sa déshydratation. Changez l’eau au moins deux fois par jour, ou mieux, utilisez une fontaine !

Le rôle du maître

Pour prendre soin de votre animal malade, votre implication est irremplaçable, vous devez :

  • choisir une alimentation diététique rénale de qualité (conseillée par votre vétérinaire) ;
  • respecter scrupuleusement le traitement prescrit ;
  • emmener votre animal chez le vétérinaire régulièrement pour évaluer son état de santé ;
  • être attentifs à tout signe potentiel d’aggravation de la maladie (augmentation de la soif, augmentation de la quantité d’urine émise, baisse d’appétit, vomissements, amaigrissement…). 

Après le rétablissement d’une insuffisance rénale aiguë, les conditions de vie sont généralement bonnes avec une bonne espérance de vie. Cependant, certains animaux peuvent garder des séquelles plus ou moins importantes et la fonction rénale doit être surveillée régulièrement.

Quelques moyens de prévention

Pour protéger au mieux les reins de votre animal, voici quelques conseils :

  • laissez toujours de l’eau propre et filtrée à volonté pour l’inciter à boire régulièrement ;
  • servez des légumes et de la viande cuites pour éviter la dangereuse bactérie E.coli ;
  • vaccinez votre chat contre la leucose (FeLV) ;
  • protégez votre chien de la leishmaniose en le vaccinant et en utilisant un antiparasitaire répulsif en complément ;
  • consultez régulièrement un vétérinaire pour détecter et soigner les maladies (diabète, hypertension…) ;
  • soignez votre animal avec, si possible, des produits inoffensifs pour ses reins (parlez-en à votre vétérinaire).
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