Les troubles du comportement chez le chien âgé

Très fréquemment lorsque le chien vieillit, on observe des troubles du comportement. Afin d’aider votre chien à vieillir dans les meilleures conditions possibles et écarter toute pathologie grave, il convient de consulter un vétérinaire qui trouvera l’origine des troubles pouvant apparaître brutalement ou progressivement. Votre implication est également primordiale car un chien a besoin de plus d’attention et d’un confort de vie adapté avec l’âge pour se sentir bien.

Les signes

Voici quelques signes pouvant apparaître progressivement et qui diffèrent selon l’animal et la cause :

  • Perte de repère (malvoyance ou cécité) : l’animal se cogne sur des meubles ou des objets, a des difficultés à trouver ses jouets ou à se déplacer, en premier lieu quand l’éclairage est faible. Il est plus calme, parfois prostré et peut avoir une réaction agressive lorsqu’une personne le touche car il ne la reconnaît pas.
  • Trouble alimentaire : il manque d’appétit ou au contraire, il veut toujours manger. Il oublie qu’il a eu à manger et réclame sans arrêt, parfois devant sa gamelle pleine de croquettes.
  • Maladie de Pica : l’animal avale des objets ou des matières non alimentaires (cailloux, végétaux, tissus…).
  • Isolement ou dépendance : il se replie sur lui-même et s’isole de sa famille (et de plus en plus souvent chez les chiens indépendants) ou au contraire, il suit ses maîtres partout.
  • Manque de réactivité : seuls les bruits vraiment très motivants (clés, croquettes) éveillent encore de l’intérêt.
  • Perte ou excès d’énergie : le chien semble anormalement paresseux ou au contraire très actif (parfois en alternance).
  • Altération du sommeil : le chien est agité, il somnole une partie de la journée mais pas la nuit (il se réveille en sursaut, gémit, hurle, déambule ou aboie au moindre bruit).
  • Aboiement/destruction : il hurle à la mort, aboie, détruit ou salit la maison lorsqu’il est seul.
  • Malpropreté : il urine ou fait ses besoins dans la maison sans demander à sortir.
  • Coprophagie : il mange ses excréments ou ceux des autres.
  • Automutilation/léchage : l’animal anxieux se lèche ou se gratte à l’excès, s’arrache les poils, se ronge (risques de mauvaises odeurs, de perte de poils, d’apparition de lésions).
  • Craintes : il se met à avoir peur des personnes, de choses ou de bruits qui le laissaient autrefois indifférent.
  • Agressivité (urgence) : il grogne sans arrêt, n’accepte plus d’être brossé ou manipulé. Un chien qui a toujours été placide peut devenir subitement agressif envers son maître, des enfants, des animaux, en inversant la séquence habituelle : il mord d’abord et grogne ensuite.
  • Anomalies de locomotion : il pousse sa tête contre un mur ; tourne en rond ; marche de façon automatique… (évoquent davantage des troubles neurologiques).
  • Réapparition de comportements infantiles : le chien se remet à explorer l’environnement avec sa gueule et risque par exemple l’occlusion intestinale par ingestion de corps étrangers…
  • Altération des apprentissages : le chien redevient malpropre alors qu’il a toujours été propre ; n’obéit plus ; ne répond plus à son nom ; va dans les pièces interdites où il n’allait pas autrefois ; ne fait plus la fête à son maître qu’il ne reconnait plus ; suit un inconnu dans la rue.
  • Désorientation : il demande à sortir et veut tout de suite rentrer ; se trompe dans le sens d’ouverture des portes ; attend qu’on lui ouvre la porte d’un placard ; pousse sa tête contre le mur ; reste immobile au milieu d’un endroit les yeux dans le vague ou planté devant un mur ou un meuble sans penser à faire demi-tour ou à contourner ce dernier ; oublie où sont ses gamelles ; se perd dans la maison ou sur un trajet familier ; se met à fuguer (alors que cela ne lui est jamais arrivé) ; a tendance à déambuler sans but ; vient réveiller son maître au milieu de la nuit pour sortir ; a des phases d’hébétude…

Les causes

Selon leurs origines, les troubles du comportement peuvent avoir de multiples causes :

  • Diminution des sens : peut rendre l’animal dépressif surtout lorsqu’elle progresse rapidement. Un chien sourd ou aveugle ne va pas sentir son maître approcher et peut mordre par peur ou par surprise.
  • Carences alimentaires : peuvent motiver le chien à manger des substances non alimentaires (Pica) ou ses selles car elles contiennent des résidus alimentaires.
  • Troubles digestifs : le chien mange des objets ou ses selles pour se soulager de fortes irritations ou en cas de vers.
  • Maladie ou douleur : peut modifier le comportement de l’animal et expliquer l’agressivité (arthrose, otite, problème dentaire, blessure, tumeur, diabète, atteinte hépatique ou rénale, trouble cardiaque, hypothyroïdie…).
  • Origines cérébrales : vieillissement, troubles dans la neurotransmission des informations, tumeur.
  • Dépression saisonnière ou bipolarité (dépression alternée avec des périodes d’excitation) : peut expliquer certains troubles mais ces maladies apparaissent généralement plus tôt dans la vie de l’animal.
  • Anxiété de séparation (ou hyperattachement) : le chien ne supporte pas d’être séparé de son maître qu’il aime tant. L’anxiété de séparation se manifeste par une destruction des meubles ou des objets, des vocalises, des déjections et même parfois de l’automutilation. Ce trouble s’aggrave souvent ou se transforme en dépression avec l’âge chez les chiens qui en souffrent.
  • Emotions du maître : un chien est un compagnon fidèle et affectueux qui réagit aux émotions de son maître. Si vous êtes content, aujourd’hui, votre chien se sentira mieux. Mais, si vous êtes triste, votre chien va déprimer.
  • Stress, mise à l’écart, ennui, manque d’exercice ou affectif : favorise la maladie de Pica, un comportement destructeur, l’agressivité, l’hyperactivité, les excès et/ou le manque de sommeil, les demandes d’attention et une dépression.

⚠ Ces raisons arrivent malheureusement très souvent après l’arrivée d’un nouvel animal ou d’un enfant, pensez-y.

  • Punitions (mettre son nez dans les urines, atteinte physique, privation…) et grondements : ces mauvais traitements, voire actes de maltraitance, sont souvent illégaux et très néfastes pour les animaux qui sont des êtres sensibles. Par exemple, un chien qui a été traumatisé par les punitions lors de l’apprentissage de la propreté peut ingérer ses selles afin de les dissimuler et éviter d’être grondé à nouveau.
  • Mauvaise qualité de sommeil : nuit à l’animal qui peut devenir irritable et agressif (exemples : manque d’activité, couchage de mauvaise qualité ou inadapté aux séniors, enfant qui le dérange, volume sonore élevé de la tv ou de la musique…).
  • Modification de ses habitudes ou de ses repères : peut être à l’origine du mal-être de l’animal (exemples : absence prolongée de son maître, arrivée ou départ d’une personne ou d’un animal dans la famille, déménagement…).
  • Tensions avec un animal : le chien anxieux, peut rester prostré en permanence, refuser de manger, être malpropre…
  • Mort d’un compagnon : celui-ci est irremplaçable et la guérison n’est pas facile.

Les traitements

Il est indispensable de trouver l’origine du trouble comportemental de votre chien afin de traiter la cause profonde. Les solutions visant uniquement à traiter le trouble ne sont souvent pas efficaces et peuvent même l’aggraver ou provoquer l’apparition d’autres problèmes. Un exemple bien connu est le collier antiaboiement qui stresse l’animal et peut provoquer des souffrances physiques.

La nourriture

Si une carence est à l’origine du comportement anormal de l’animal (coprophagie…), le vétérinaire pourra conseiller une nourriture plus adaptée.

Les maladies et les douleurs

Selon le diagnostic, le vétérinaire proposera un traitement médical ou chirurgical et parfois une alimentation spécialisée ou des compléments alimentaires.

La vue

La chirurgie actuelle de la cataracte (reflet bleuté dans l’œil qui blanchit ensuite), effectuée par un vétérinaire formé en ophtalmologie, est très efficace pour rendre la vue à l’animal et les résultats sont meilleurs lorsqu’elle est réalisée tôt. En attendant, des médicaments et certains compléments alimentaires spécialisés (Sitalan…), ont déjà fait leurs preuves sur de nombreux chiens, pour ralentir efficacement l’apparition et la progression de la sénescence du cristallin. Une alimentation riche en antioxydants (vitamines E et C…) est également conseillée.

⚠ Retarder l’opération ne fera que pénaliser le chien, car le cristallin cataracté va devenir de plus en plus épais et dur, rendant ainsi l’intervention plus difficile, puis définitivement impossible. En règle générale, il est important de traiter rapidement toute maladie oculaire, afin d’éviter la cécité irréversible, des complications douloureuses et une dépression chez l’animal.

Le vieillissement cérébral

Des médicaments et des compléments alimentaires contenant des antioxydants et des oméga3 ralentissent le vieillissement cérébral et favorisent la transmission de neuromédiateurs.

Les troubles psychologiques 

Des solutions naturelles à base de plantes ou analogues de phéromones (substances chimiques apaisantes émises par les animaux) et surtout les conseils d’un vétérinaire comportementaliste diplômé peuvent être très efficaces pour traiter la dépression, l’anxiété, l’hyperattachement (souvent dû à l’attitude du maître) et rétablir un meilleur sommeil.

Améliorer le confort de vie de son vieux chien

Tout comme une personne âgée, chaque chien vieillissant a besoin de plus de confort et d’aide pour des choses qu’il pouvait faire avant sans problème. Soyez donc attentifs à ses besoins.

Le confort des repas et du sommeil

La nourriture doit être facile à saisir et molle si votre chien souffre d’arthrose à la mâchoire ou a une dentition en mauvais état.

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Porte-gamelles.

Optez pour des gamelles d’eau et de nourriture antiglouton (si nécessaire pour sa sécurité) et qui ne retiennent pas les odeurs (inox, faïence, verre…). Placez-les en hauteur pour éviter à votre chien des douleurs (au cou et au dos) et des remontées acides, sans toutefois qu’il ait la tête trop haute pour pouvoir manger facilement. En cas de douleurs articulaires, laissez-le couché et apportez ses gamelles d’eau et de nourriture en les inclinant si besoin.

Préférez aussi un matelas orthopédique épais et de haute qualité pour améliorer le sommeil de votre chien âgé et lui faciliter l’accès.

Regrouper tous ses besoins (matelas, couverture, nourriture, eau…) au rez-de-chaussée pour lui éviter d’avoir à emprunter des escaliers en veillant à ce qu’il soit au chaud, au calme et sans courant d’air. Un chien âgé a besoin de plus de repos, sans être dérangé par le bruit, les autres animaux et les enfants pour son équilibre (y compris durant les vacances).

L’installation de rampes est également utile pour qu’il n’ait pas à monter ou descendre des escaliers.

⚠ Les porte-gamelles réglables vendus dans les commerces ne sont pas tous adaptés à toutes les tailles de chien.

Les repères spatio-temporels

Toute modification des habitudes de votre chien est à éviter autant que possible afin de ne pas le stresser et entraîner une dépression (évitez les changements de lieux de promenade ; ayez des horaires fixes pour les repas, les câlins, les séances de jeu…). S’il est malvoyant, ne déplacez pas son panier et ses gamelles et évitez de changer la position des meubles afin qu’il ne perde pas ses repères.

Le rôle du maître

Un chien, surtout lorsqu’il vieillit, a davantage besoin de l’attention, l’affection et la patience de sa famille pour renforcer son sentiment d’être aimé. Ces intentions routinières facilitent la vie de votre petit compagnon :

  • Les chiens sont des êtres sociables qui n’apprécient pas la solitude. Il est recommandé à toute la famille, de ne plus mettre le chien à l’écart au quotidien, de continuer les interactions familiales (séance de caresses, toilettage, brossage…).
  • Masser votre chien régulièrement favorise la circulation sanguine dans tout le corps, une double action sur le moral et le physique que votre animal appréciera indéniablement.

⚠ Le massage peut présenter des contre-indications, demandez l’avis de votre vétérinaire.

Vidéo de démonstration professionnelle :

  • Replacez votre chien au centre de la famille, avec des séances de jeu de 5 minutes par jour ou plus selon ses envies, pour lutter contre l’ennui. Préparez des jeux simples, auxquels il est sûr de gagner, afin de faire travailler son cerveau. Par exemple, prenez 3 tasses (ou gobelets) et sous le regard attentif de votre chien, placez une friandise sous l’une des 3 tasses retournées et mélangez-les. Il devra ensuite choisir la tasse qui contient la friandise.
  • Les promenades en laisse doivent être maintenues pour son bien-être. Il doit pouvoir profiter pleinement de la nature en marchant selon son propre rythme et pendant une durée régulièrement adaptée à son âge et son état de santé.

⚠ Si votre chien est essoufflé à cause de la fatigue ou d’une pathologie cardiaque ou a du mal à marcher pendant ou après la promenade par exemple, réduisez le temps de promenade à ses capacités !

  • Protégez votre chien du froid lors des sorties en hiver, quelle que soit sa taille, en lui mettant un manteau et protégez ses coussinets.
  • Prévenez votre chien malvoyant ou aveugle en lui parlant pour éviter une mauvaise réaction en le surprenant.
  • Sortez plus souvent votre chien s’il a du mal à se retenir, surtout la nuit, avec une dernière sortie juste avant de dormir.
  • Préférez les récompenses aux punitions qui aggravent l’anxiété et donc les nuisances (malpropreté, vocalises…), afin de l’encourager à vous obéir pour vous faire plaisir et non pas par crainte. Rééduquez votre chien après vous être assurés qu’il ne souffre pas d’incontinence urinaire ou de troubles de la mémoire auprès d’un vétérinaire.
  • Si votre chien cohabite avec un autre, veillez à prévenir les conflits au maximum pour leur santé et leur bien-être.

Attention à l'arrivée d'un chiot

L’arrivée d’un chiot ou d’un jeune chien peut stimuler le vieux chien ou au contraire, l’isoler et le sombrer dans un état dépressif. Votre vétérinaire peut vous indiquer, selon la santé et la sociabilité de votre chien, si l’accueil d’un congénère plus jeune peut être positif ou non. Il est préférable d’adopter le chiot au tout début de la période de vieillesse de votre chien pour éviter qu’il le fatigue et soit rejeté.

Aider son chien à surmonter un deuil

L’animal de compagnie décédé est irremplaçable et la guérison n’est pas facile. Le chien aura besoin d’une attention particulière de sa famille à son égard pour l’aider dans cette épreuve difficile. En accueillant un nouvel animal dans la maison, certains chiens peuvent se montrer heureux, tandis que d’autres resteront dépressifs.

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