L’indispensable sevrage affectif et social

Cet article est consacré uniquement au bien-être de la mère et ses petits. Nous encourageons, en aucun cas, les naissances de chiots dans notre pays ravagé par les abandons et les euthanasies liées à la surpopulation canine.

Le rôle de la mère est primordial pour l’avenir du chiot. Il faut lui laisser le temps nécessaire pour qu’elle puisse éduquer son petit et effectuer le détachement progressif durant 6 mois. Céder un animal dès l’âge légal de 8 semaines est donc trop tôt, même s’il est sevré alimentairement. Cela augmente nettement le risque pour le petit de développer des problèmes comportementaux et de sociabilité à l’âge adulte. Les maîtres consultant rarement un vétérinaire comportementaliste lorsqu’il n’est pas encore trop tard, les conséquences sont souvent dramatiques car cela finit par des abandons et des euthanasies.

⚠ Plus un chiot est retiré tôt à sa mère, plus celle-ci va souffrir de cette séparation.

La présence indispensable de la mère

L’attachement de la mère pour son chiot est immédiat. Elle le protège, le nourrit, le lèche pour le laver, le stimuler et l’aider à uriner et déféquer.

A la naissance, le chiot est sourd et aveugle. Entre le 10ème et le 16ème jour, il ouvre les yeux mais sa vision reste frustre. A l’âge de 35 jours environ, il voit aussi bien qu’un adulte. Le conduit auditif externe s’ouvre vers le 14ème jour et on observe alors les premières réactions aux bruits. Toutefois, le chiot, encore sourd, émet des vocalises : gémissements pour appeler sa mère lorsqu’il a faim par exemple ou cri aigu correspondant plutôt à une situation de détresse. Selon des études, l’odorat semble intervenir dès la naissance.

Le sevrage alimentaire

Le chiot commence à téter de moins en moins vers la 3ème ou 4ème semaine. Il va s’intéresser à ce qui l’entoure et s’orienter vers la gamelle de sa mère pour manger la même chose qu’elle par imitation. Au fur et à mesure qu’il grandit, la chienne devient de plus en plus réticente à se laisser téter, d’autant plus qu’elle commence à être gênée par la pousse des dents de lait qui intervient dès la 5ème semaine. La conduite du sevrage alimentaire est progressive et s’étale généralement sur 7 à 8 semaines. Une fois sevré, le chiot devra se nourrir qu’avec des aliments solides conçus pour son âge.

L'importance du sevrage affectif et social

Dès la 3ème semaine, le chiot s’attache davantage à sa mère et manifeste une détresse intense quand un nouveau stimulus lui est présenté en son absence. Sa maman le sécurise et l’apaise, lui permettant ainsi d’explorer son environnement sans anxiété. Elle participe à sa familiarisation avec les objets, les bruits quotidiens, les autres espèces animales et les personnes de son entourage ainsi qu’à l’acquisition des autocontrôles (ne pas mordiller, gérer son énergie et son excitation lors de rencontres…) et la communication propre au langage canin.

Le chiot mémorise ses acquis et l’indépendance se crée naturellement, via la découverte de l’environnement, les jeux entre frères et sœurs… Il est nécessaire que le chiot s’attache à tous les membres de la meute pour éviter l’anxiété de séparation avec sa mère lorsqu’il partira dans sa famille d’adoption.

Au moment du sevrage, la chienne commence le processus de détachement et le terminera vers 6 mois. C’est le sevrage affectif et social, qu’il faut différencier du sevrage alimentaire. Il est prudent d’attendre ce moment pour céder un chiot, afin de prévenir l’apparition de troubles du comportement et de la sociabilisation à l’origine de nombreux abandons chaque année (hyperattachement, recherche d’attention, destructions, aboiements intempestifs, peur pathologique en promenade, hyperréactivité aux bruits, hyperactivité, morsures au cours du jeu, agressivité, comportement possessif vis-à-vis des jouets ou de la nourriture, aversion envers les étrangers…).

Une fois que vous aurez trouvé une famille aimante et responsable pour votre chiot, le maître devra prendre le relais pour l’éduquer à son tour en douceur, lui apprendre la propreté et le sociabiliser avec ses congénères.

L'hyperattachement : un trouble difficile et fréquent

L’attachement est un lien affectif profond qui s’établit entre l’animal et la personne qui en prend soin. Le maître lui offre de la nourriture, des câlins, des jeux, des sorties. Comme il répond à ses besoins, le chien apprend qu’il peut lui faire confiance et s’en remet à lui pour son confort. Un lien d’attachement sécurisant va lui permettre d’explorer le monde tout en sachant qu’il peut revenir vers une personne sûre.

L’âge légal pour adopter un chiot est de 8 semaines, il n’a donc pas terminé le détachement avec sa mère qui dure environ 6 mois et va automatiquement s’attacher fortement à un membre de la famille d’adoption. L’humain va devoir procéder à cette seconde phase de détachement, ce qui est, très souvent, non accompli par méconnaissance, engendrant ainsi des problèmes de comportements.

Bon nombre de propriétaires vivent au quotidien le problème de l’hyperattachement. Le chien, réellement dépendant affectivement de son maître, le suit en permanence et ne s’apaise que lorsqu’il est avec lui. Les séparations sont des épreuves difficilement gérables pour le chiot. A ce stade, il y a un risque de développement de problèmes comportementaux liés à l’anxiété nommé anxiété de séparation. Il recherche en permanence le contact qui est une garantie de sécurité pour lui.

Ce problème est exclusivement généré par l’humain, ce sentiment n’existe pas dans une meute de chiens. Le processus de détachement avec l’humain n’est pas accompli à la puberté comme l’aurait fait sa mère. Le maître l’infantilise, le surprotège et le chien devenu adulte physiquement reste un bébé émotionnellement ! Dès qu’il se retrouve seul sans son être d’attachement, son anxiété surgit. Sa pulsion d’anxiété le pousse à détruire tout ce qui porte l’odeur de son maître, la porte d’entrée ou tout accès extérieur représentant un obstacle pour arriver à sortir et le rejoindre car il est en grande souffrance. Il pleure et émet des vocalises pour l’appeler, comme il le ferait avec sa mère. Aussi, ce trouble comportemental peut évoluer en dépression avec le temps.

L’attachement est nécessaire, équilibrant et favorise l’indépendance mais l’hyperattachement est au contraire étouffant, insécurisant, rendant l’animal dépendant ! Hélas, les conséquences de l’hyperattachement conduisent souvent à l’abandon de l’animal et au final à son euthanasie. Vous comprendrez alors toute la responsabilité que vous avez vis-à-vis de votre chiot si vous décidez de le faire adopter avant le sevrage affectif et social.

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