Les conflits entre chiens

Il est essentiel de mettre en place diverses actions de prévention pour favoriser l’entente entre vos animaux, car les conflits peuvent avoir de graves conséquences pour leur santé. Le jeu entre chiens est excellent pour renforcer leur socialisation, mais votre présence constante permet d’éviter que cela dégénère en bagarre, en sachant intervenir au bon moment car le jeu canin est souvent mal interprété par les propriétaires de chiens. Certains comportements anodins ou normaux peuvent passer pour des démonstrations de dominance ou d’agressivité, alors que d’autres, plus significatifs de malaise et de stress, ne sont pas pris en compte, ni même remarqués. Voici un article pour reconnaître les comportements normaux ou problématiques et les méthodes d’intervention efficaces quand ça tourne mal.

Le copain de jeu idéal

Pour avoir un bon jeu entre copains, il faut d’abord choisir un chien ayant un bon langage canin et les mêmes capacités physiques que votre chien. Evitez donc de mettre un jeune chiot plein d’énergie avec un chien adulte. L’exubérance des chiots et leur insistance sont souvent peu compatibles avec le caractère plus tranquille et posé des chiens adultes ou séniors. Evitez également de réunir deux chiens au tempérament opposé (chien caractériel avec un chien timide) ou de taille très différente pour éviter des blessures en jouant.

Tester deux chiens ensemble

Commencez par une ou plusieurs promenades en parallèle avec l’autre chien pour qu’ils fassent connaissance et les habituer l’un à l’autre de façon sécuritaire, sans contact. Pour les premiers jeux, privilégiez un lieu neutre et idéal comme un parc canin ou un vaste espace extérieur et laissez les chiens s’approcher et se sentir, tout en tenant les laisses et en vous assurant que celles-ci restent bien détendues.

⚠ Une laisse tendue peut provoquer de l’inconfort et du stress chez le chien, qui peut se sentir coincé, privé de la possibilité de fuir.

Les signes d'un jeu paisible

Un chien à l’aise a un corps détendu, sent l’autre chien et se laisse sentir, fait poliment quelques détournements de tête, peut se secouer un peu et faire des demandes de jeu en se tournant. Si les chiens adoptent ces comportements, vous pouvez lâcher les laisses et observer.

Lors du jeu, les chiens peuvent se poursuivre, s’attraper, se sauter dessus, se mordiller, voire pousser de petits grognements de jeu, mais il n’y a pas d’excitation exagérée, de gestes rudes et jamais de blessure.

Un jeu « sain » entre copains comporte :

  • des pauses et des postures d’immobilisation (pattes avant posées au sol jusqu’au coude et arrière-train relevé…) ;
  • des inversions de rôles : ce n’est pas toujours le même chien qui court après l’autre ou qui est au-dessus de l’autre lors des jeux de lutte ;
  • des points chacun : chaque chien laisse gagner l’autre de temps en temps et fait semblant d’être moins fort si nécessaire (différence de gabarit…) en se couchant sur le dos par exemple, afin de laisser son petit compagnon lui grimper dessus ;
  • une excellente écoute du langage canin : le chien arrête le jeu quand l’autre ne souhaite plus jouer.

Exemple d’un bon jeu en vidéo :

Chacun leur tour les chiens adoptent le rôle du chasseur ou du chassé, les corps sont détendus, le Golden Retriever fait de beaux détournements de corps et laisse le plus petit chien lutter. À la fin de la vidéo, les deux chiens font une pause pour sentir le sol ensemble.

Autre belle séquence de jeu entre deux chiens :

Les jeux de lutte sont équitables et les rôles s’échangent, le Golden Retriever contrôle sa force et fait ici encore des détournements de corps.

Les signes de tension

En cas de tension, le langage corporel du chien diffère et des signes d’inconfort apparaissent :

  • position haute/debout, corps rigide, queue immobile ou bougeant de façon rigide, poils hérissés, bouche fermée ;
  • position basse, corps et dos ronds, queue rentrée entre les jambes, oreilles couchées, œil de « baleine » ;
  • grognement d’avertissement, babines retroussées et dents visibles, léchage du museau, morsure dans le vide.

Si l’un des chiens démontre un de ces signaux, éloignez-les l’un de l’autre immédiatement.

les-signes-de-tension

Chien montrant les dents et les crocs comme signal d’avertissement.

Un chien est aussi dans une démarche d’agressivité s’il adopte un ou plusieurs des comportements suivants :

  • il a des gestes brutaux ;
  • il est toujours « chasseur » (les rôles ne sont jamais inversés) ;
  • il cherche à tout prix à ce que l’autre chien se couche sur le dos, signe de soumission ;
  • il poursuit le chien sans relâche alors que celui-ci lui a bien fait comprendre qu’il voulait cesser le jeu (se retire, se fige ou subit).

Par ailleurs, certaines situations ont une apparence faussement anodine :

  • niveau d’excitation élevé chez un ou plusieurs chiens (risque de bagarre) ;
  • au moins deux chiens poursuivent un seul chien (jeu dangereux) ;
  • gêne ou stress apparent chez un chien (apprenez à connaître chacun de vos animaux pour le remarquer) ;
  • chien qui monte un autre chien (la majorité des chiens n’apprécient pas d’être chevauchés et le stress est la cause principale des chevauchements et non une démonstration de dominance entre chiens !).

Exemple d’une mauvaise interaction en vidéo :

Dès le début, le Berger Allemand n’est pas intéressé par les appels du Golden Retriever : son corps est rigide et il évite son regard. Il essaie de s’en aller et émet quelques grognements, signes de son inconfort. Le Golden Retriever insiste cependant et le Berger Allemand n’a pas d’autre choix que de passer à des avertissements plus sérieux : il lâche son jouet pour faire des prises en bouche (petites morsures contrôlées), dont le Golden Retriever ne tient pas compte, encore une fois.

Ici, il serait préférable d’intervenir en rappelant le Golden Retriever et en le redirigeant vers un autre jeu. En les laissant là, on expose les deux chiens à un risque élevé d’agression. Puisque le Golden Retriever ne comprend pas les demandes d’arrêt du Berger Allemand, celui-ci pourrait en arriver à mordre plus fort.

Autres exemples de jeux qui dégénèrent :

Ici, les conflits sont expliqués dans la vidéo.

Les causes des tensions

Les sources de tensions entre chiens sont multiples :

  • partage des ressources (nourritures, friandises, jouets, couchages…) ;
  • comportements sexuels ;
  • arrivée d’un nouveau chien ;
  • jalousie liée à l’attention dont bénéficie davantage l’autre chien de la part du maître (promenades, jeux, câlins…) ;
  • problème de santé (un animal douloureux peut devenir agressif) ;
  • un des chiens n’a pas ou plus envie de jouer ou est surpris par un autre chien qui saute sur lui en vue de jouer. Il risque de grogner ou de mordre pour repousser son camarade ou le remettre à sa place.

Pourquoi et quand faut-il intervenir ?

« Laissez-les se battre » est un très mauvais conseil qu’aujourd’hui encore, des professionnels n’hésitent pas à donner. Si dans la nature « le plus fort gagne », votre salon ou votre jardin n’est pas une jungle ou une savane et vos chiens ne sont pas des bêtes sauvages. Quand des chiens se battent, il y a un risque de blessures très graves aux conséquences lourdes (cécité…) et vos chiens préfèrent largement que vous stoppiez la bagarre au lieu de les laisser se débrouiller seuls. Aucun chien n’aime se battre.

Vous devez toujours intervenir dès qu’un des chiens est inconfortable et que ses demandes ne sont pas écoutées par l’autre chien (voir les signes plus haut). Certains éducateurs « n’autorisent » rien avec certains chiens quand il y a un risque élevé qu’une bagarre se produise. Ils stoppent tout comportement hostile sur-le-champ, sans taper, sans crier et sans faire peur, mais en détournant l’attention.

Vous pouvez faire de même si :

  • il y a plusieurs chiens à la maison ;
  • il y a déjà eu une bagarre entre les chiens ;
  • un chien grogne chaque jour sur un autre ;
  • un des chiens devient agressif alors que tout se passait bien auparavant ;
  • il y a un chien timide qui ne sait pas « dire non » à son congénère ;
  • vous avez adopté un chiot/chien de fort tempérament alors que vous en avez un timide ou âgé ;
  • un chien est possessif, notamment s’il ne laisse pas un autre chien s’approcher de vous (dans d’autres contextes, c’est normal qu’il ne veuille pas qu’il s’approche de lui, quand il est train de manger par exemple, mais il ne devrait pas avoir à exagérer pour se faire comprendre).

Les tensions étant une cause d’anxiété, il est important de prévenir les conflits au maximum pour le bien-être et la santé des chiens cohabitant dans un foyer. S’ils sont souvent agressés, certains chiens peuvent restés prostrés en permanence, refuser de s’alimenter, développer des comportements indésirables (malpropreté…), etc.

Comment séparer des chiens ?

Si vous avez au moins deux chiens, apprenez à les séparer pour pouvoir intervenir en cas de bagarre ou de tension sans jamais avoir à les toucher, crier ou leur faire peur.

Il existe plusieurs solutions :

  • ayez au moins une bouteille d’eau fraîche comme solution d’urgence pour arroser les chiens (ou mieux un seau) ;
  • créez une diversion efficace dans plusieurs situations et utilisez-la s’il n’est pas encore trop tard durant les conflits ;
  • apprenez à vos chiens à répondre à un même signal qui signifie une chose différente pour chacun d’eux. Par exemple, à ce signal, chien A ira dans son panier et chien B viendra à vos pieds. Quand les chiens ne sont pas dans un état émotionnel critique, ils peuvent encore vous écouter.

Pensez à faire appel à un éducateur professionnel (et respectueux de votre animal) pour vous aider à gérer les rencontres avec les congénères si vous avez un chien réactif envers eux.

⚠ Ne mettez pas vos mains dans la gueule d’un chien en train de se battre et ne l’attrapez pas par le collier ! C’est extrêmement dangereux surtout en état de panique.

Les moyens de prévention

Afin de limiter les tensions entre chiens, voici quelques conseils :

  • offrez à vos chiens leurs propres ressources (gamelles, jouets préférés, couchages…) ;
  • castrez votre (vos) mâle(s) et stérilisez votre (vos) femelle(s) dès l’âge requis ;
  • choisissez des jouets qui les intéressent afin que chacun puisse s’occuper seul si personne a envie de jouer ;
  • consacrez autant de temps à chaque animal pour qu’aucun ne soit délaissé (promenades, jeux, câlins…) ;
  • installez un diffuseur antistress pour favoriser une cohabitation sereine entre eux ;
  • donnez-leur un complément alimentaire s’ils sont stressés ;
  • jaugez la différence de taille, d’âge et de tempérament avant d’accueillir un nouveau chien chez vous.

En cas de conflits persistants ou d’anomalie chez un chien (isolement, anxiété, comportement indésirable, baisse d’appétit…), il est conseillé de consulter un vétérinaire. Il pourra déterminer l’origine du problème (problème de santé…) et mettre en place une thérapie comportementale et/ou un traitement médical. 

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