La douleur chez le chien

L’animal, n’ayant pas la parole, ne peut pas exprimer sa souffrance avec des mots. Néanmoins, certains comportements révèlent des signes de douleur et doivent attirer votre attention. Pour soulager votre chien, des mesures doivent être prises au plus vite car une douleur persistante a des répercussions physiologiques, peut entraîner une dépression et influer sur les processus de guérison. De plus, la douleur chronique répond moins bien aux antalgiques que la douleur aiguë.

Les signes

Voici quelques signaux qui vous permettront de détecter une souffrance chez votre chien.

  • Apparence : yeux grands ouverts avec pupilles dilatées ; regard voilé ; œil qui coule, rouge, fermé, plissé à moitié fermé ou veine trop apparente ; gencives rouges ; carie ; abcès ; rougeur cutanée avec ou sans croute (allergie alimentaire, parasites…) ; ventre gonflé et dur ; amaigrissement.
  • Vocalises : pleurs ; gémissements (seul ou quand on le touche) parfois de façon faible et étouffée ; grondements ; aboiements ; cris.
  • Appétit : manque ou absence d’appétit/de prise de boisson (douleur dentaire, manque de force pour aller manger et boire…) ; hésitation/lenteur à manger, changement de façon de manger (mastication d’un seul côté par exemple) ou difficultés à mâcher/ingérer les aliments (problème bucco-dentaire).
  • Sommeil et vitalité : insomnie ou hypersomnie ; baisse d’énergie/inactivité (et donc possible constipation et urines à la maison) ; désintérêt pour le jeu ou ses activités habituelles.
  • Attitudes : secouement de la tête (typique des otites) ; refus de contact avec les humains (ne vient pas quand on l’appelle…) ; isolement ; tristesse ; essoufflement au moindre effort ; tremblements ; agitation ; crispation soudaine, grognement ou morsure (si on essaie de le toucher ou si on le sort de son isolement volontaire).
Certains animaux douloureux n’évitent pas leur maître. Au contraire, ils sollicitent l’attention plus qu’à l’habitude pour faire comprendre qu’ils ont besoin d’aide.
  • Léchage excessif ou mordillements d’une partie du corps : provoqué par une douleur, une blessure, une plaie, une piqûre d’insecte ou un corps étranger (épine, épillet, écharde…) par exemple. Le chien peut aussi s’arracher les poils ou frotter la zone douloureuse avec sa patte ou sur un support tel que le sol.
  • Postures : modification du port des oreilles ; tête baissée ou penchée sur le côté ; dos voussé ; queue basse ou entre ses pattes ; position anormale selon la localisation de la douleur (position roulée en boule ou arrière-train levé et avant du corps couché…). Le chien peut aussi tourner sa tête vers la zone douloureuse.
  • Mobilité : réticence à bouger, à faire certains mouvements ; démarche inhabituelle ; patte levée ou qui traîne lors de la marche ; boiterie.

N’hésitez pas à faire part de votre inquiétude à votre vétérinaire si vous avez l’impression que votre chien souffre.

Comment soulager la douleur ?

A l’heure actuelle, il existe divers moyens vétérinaires et physiothérapiques permettant d’apaiser la douleur d’un animal. Certains traitements sont encore peu utilisés en France mais valent vraiment la peine de faire le déplacement tant ils sont efficaces pour traiter certaines douleurs et ont un effet de longue durée.

⚠ Evitez au maximum les manipulations et les activités susceptibles de provoquer ou d’intensifier la douleur de votre chien et déplacez-le avec précaution (transport chez le vétérinaire, prise dans les bras…).

Les soins vétérinaires

Le traitement de la cause, lorsque c’est possible, permet de supprimer plus ou moins rapidement la douleur. Les antalgiques, choisis en fonction du niveau de souffrance du chien, contrôlent la douleur, le temps qu’elle rétrocède grâce à la prise en charge spécifique de la cause, si cette prise en charge nécessite une intervention elle-même douloureuse ou si la cause ne peut être supprimée (certains cancers, arthrose…).

Encore peu connues du public, les injections d’acide hyaluronique, de plasma riche en plaquettes et de cellules souches, surtout combinées ensemble, sont très intéressantes dans le traitement de l’arthrose. Leurs effets réparateurs (cellules souches) ou de ralentissement de la progression de la maladie (acide hyaluronique, plaquettes), durent de 6 mois à 18 mois ou plus.

La physiothérapie

Elle comprend la thérapie laser, l’hydrothérapie, la thermothérapie, la massothérapie, la kinésithérapie ou encore l’électrothérapie. Ces méthodes de prise en charge de la douleur sont en plein essor. Leur intérêt varie selon la cause de la douleur et son intensité. Les techniques de physiothérapie peuvent remplacer ou venir en complément des traitements médicaux.

L'aide quotidienne

En plus des traitements antidouleur, l’hygiène de vie de votre chien est très importante lors de douleurs chroniques comme l’arthrose. Cela consiste notamment à :

  • Faciliter ses activités au quotidien : aider le chien à rester propre si celui-ci urine sur son couchage en raison de difficultés à se déplacer ; installer un coussin spécial antidouleur (en mousse viscoélastique) ; positionner les gamelles en hauteur s’il souffre de raideur dans le cou ; regrouper toutes ses activités (repos, nourriture, eau…) au même étage du domicile pour lui éviter d’avoir à emprunter des escaliers ; utiliser des rampes pour qu’il n’ait pas à monter ou à descendre des escaliers s’il a du mal à se déplacer.
  • Ne pas le négliger (caresses, jeux…) : même s’il ne manifeste plus les mêmes marques d’attachement qu’avant la maladie et que la prise en charge sur le long terme est parfois fastidieuse.
  • Fournir une alimentation spécifique et/ou des compléments alimentaires : pour contrôler les douleurs chroniques et ralentir l’évolution de la maladie.

Trouver le bon traitement antalgique

La mise en place d’un « plan antidouleur » sur une longue durée nécessite un véritable dialogue avec votre vétérinaire. Chaque animal répond différemment à un antalgique, il faut parfois en essayer plusieurs avant de trouver le bon. Dans l’intérêt de votre chien, appliquez scrupuleusement les règles suivantes :

  • respectez strictement la posologie (dosage, rythme et voie d’administration, durée du traitement…) ;
  • ne changez pas d’antalgique et n’en associez pas plusieurs de votre propre initiative ;
  • signalez immédiatement l’apparition d’effets secondaires (diarrhée, vomissements, léthargie…) ;
  • évaluez régulièrement l’efficacité du traitement avec votre vétérinaire (risque de dépendance et de perte d’efficacité).
Au stade avancé d’une maladie, le chien peut souffrir de fortes douleurs. Si seuls les antalgiques les plus puissants peuvent parfois encore le soulager, ils détériorent les reins. L’insuffisance rénale étant douloureuse qu’en phase terminale, il est judicieux de se demander s’il faut garder des reins en bon état ou choisir le confort de vie de l’animal…

Attention à l'automédication

L’automédication est à éviter car le traitement risque de ne pas être adapté et peut masquer un problème grave en atténuant la douleur. Une aggravation est alors possible si la consultation est retardée.

Lorsque des médicaments à usage humain sont utilisés, le dosage est en outre souvent difficile et le chien peut mourir d’un surdosage (cas du paracétamol par exemple).

Les idées reçues

Voici quelques fausses idées sur la douleur :

  • « Un animal ne peut pas souffrir » : on pensait la même chose pour les enfants en bas âge il y a quelques années. Les mentalités ont évolué et on sait désormais que tout animal (même un poisson rouge, c’est prouvé scientifiquement !) ressent de la douleur.
  • « La douleur a un effet protecteur » : on pense souvent que la douleur empêche le chien d’être trop actif (surtout après une intervention) et facilite ainsi la guérison. Il existe d’autres moyens que la douleur pour limiter l’activité : confinement, tranquillisants… De plus, dans certains cas de chirurgie orthopédique, une reprise rapide de l’activité facilite la rééducation, évitant l’ankylose et l’atrophie musculaire.
  • « La douleur est un symptôme et permet d’établir plus vite un diagnostic » : certes, mais ce n’est pas parce que l’on diminue la douleur que l’on arrête l’évolution de la maladie. Le diagnostic pourra être établi de la même façon.
  • « Les antalgiques puissants (type morphine) ont des effets secondaires » : l’accoutumance est souvent la première crainte, mais le bénéfice du traitement surpasse généralement le risque et leur utilisation est possible de façon raisonnée sur de courtes périodes. Les morphiniques sont d’utilisation bien plus sûre en médecine vétérinaire qu’en médecine humaine. Les effets digestifs/hallucinogènes en particulier sont faibles chez l’animal.
A lire aussi

Sommaire