Les troubles du comportement chez le chat âgé

Lorsque le chat vieillit, on observe souvent des troubles de son comportement. Afin d’aider votre chat à vieillir dans les meilleures conditions possibles et écarter toute pathologie grave, il convient de consulter un vétérinaire qui trouvera l’origine des troubles pouvant apparaître brutalement ou progressivement. Votre implication est également primordiale car un chat a besoin de plus d’attention et d’un confort de vie adapté avec l’âge pour se sentir bien.

Les signes

Voici quelques signes pouvant apparaître progressivement et qui diffèrent selon l’animal et la cause :

  • Perte de repère (malvoyance ou cécité) : l’animal se cogne sur des meubles ou des objets, a des difficultés à trouver ses jouets ou à se déplacer, en premier lieu quand l’éclairage est faible. Il est plus calme, parfois prostré et peut avoir une réaction agressive lorsqu’une personne le touche car il ne la reconnaît pas.
  • Trouble alimentaire : il manque d’appétit ou au contraire, il veut toujours manger. Il oublie qu’il a eu à manger et réclame sans arrêt, parfois devant sa gamelle pleine de croquettes.

⚠ Le chat est un animal qui supporte mal le jeûne, il faut réagir sous 48-72h.

  • Maladie de Pica : l’animal avale des objets ou des matières non alimentaires (litière, cailloux, végétaux, tissus…).
  • Isolement ou dépendance : il se replie sur lui-même et s’isole de sa famille (et de plus en plus souvent chez les chats indépendants) ou au contraire, il demande beaucoup plus d’attention.
  • Manque de réactivité : seuls les bruits vraiment très motivants (croquettes…) éveillent encore de l’intérêt.
  • Perte ou excès d’énergie : le chat semble anormalement paresseux ou au contraire très actif (parfois en alternance).
  • Altération du sommeil : le chat dort moins de 6 heures ou plus de 20h par jour.
  • Vocalise/destruction : il miaule, détruit ou salit la maison lorsqu’il est seul.
  • Malpropreté : il urine ou fait ses besoins en dehors de sa litière ou cesse de se toiletter (risque d’apparition de bourres de poils et d’un pelage sale).
  • Automutilation/léchage : l’animal anxieux se lèche ou se gratte à l’excès, s’arrache les poils, se ronge (risques de mauvaises odeurs, de perte de poils, d’apparition de lésions).
  • Craintes : il se met à avoir peur des personnes, de choses ou de bruits qui le laissaient autrefois indifférent.
  • Agressivité (urgence) : il grogne souvent, n’accepte plus d’être brossé ou manipulé. Un chat qui a toujours été placide peut devenir subitement agressif envers son maître, des enfants, des animaux, et mordre sans prévenir.
  • Anomalies de locomotion : il pousse sa tête contre un mur ; tourne en rond ; marche de façon automatique… (évoquent davantage des troubles neurologiques).
  • Réapparition de comportements infantiles : le chat se remet à explorer l’environnement avec sa gueule (comme chez le chaton) et risque par exemple l’occlusion intestinale par ingestion de corps étrangers…
  • Désorientation : il pousse sa tête contre le mur ; reste planté devant un mur ou un meuble sans penser à faire demi-tour ou à contourner ce dernier ; oublie où sont ses gamelles ; se perd dans la maison ou sur un trajet familier… Souvent la nuit, le chat se promène sans but ou reste immobile au milieu d’un endroit les yeux dans le vague et miaule sans arrêt, sans raison apparente et parfois avec une voix forte…

Les causes

Selon leurs origines, les troubles du comportement peuvent avoir de multiples causes :

  • Diminution des sens : peut rendre l’animal dépressif surtout lorsqu’elle progresse rapidement. Un chat sourd ou aveugle ne va pas sentir son maître approcher et peut mordre par peur ou par surprise.
  • Carences alimentaires/goût litière : peuvent pousser le chat à manger des substances non alimentaires (Pica).
  • Troubles digestifs : le chat peut manger des objets en cas d’infestation de vers par exemple.
  • Maladie ou douleur : peut modifier le comportement de l’animal et expliquer l’agressivité (arthrose, otite, problème dentaire, blessure, tumeur, diabète, atteinte hépatique ou rénale, trouble cardiaque, hyperthyroïdie…).
  • Origines cérébrales : vieillissement, troubles dans la neurotransmission des informations, tumeur.
  • Dépression saisonnière ou bipolarité (dépression alternée avec des périodes d’excitation) : peut expliquer certains troubles mais ces maladies apparaissent généralement plus tôt dans la vie de l’animal.
  • Anxiété de séparation (ou hyperattachement) : également possible chez le chat, celui-ci ne supporte pas d’être séparé de son maître qu’il aime tant. L’anxiété de séparation se manifeste par une destruction des meubles ou des objets, des vocalises, des déjections et même parfois de l’automutilation. Ce trouble s’aggrave souvent ou se transforme en dépression avec l’âge chez les chats qui en souffrent.
  • Stress, mise à l’écart, ennui, manque d’exercice ou affectif : favorise la maladie de Pica, un comportement destructeur, l’agressivité, les excès et/ou le manque de sommeil et une dépression chronique chez l’animal délaissé.

⚠ Ces raisons arrivent malheureusement très souvent après l’arrivée d’un nouvel animal ou d’un enfant, pensez-y.

  • Punitions (mettre son nez dans les urines, atteinte physique, privation…) et grondements : ces mauvais traitements voire actes de maltraitance sont souvent illégaux et très néfastes pour les animaux qui sont des êtres sensibles.
  • Litière sale ou inconfortable : la taille ou le parfum de la litière, la place et la forme du bac, les nuisances à proximité et surtout une litière souillée sont des causes fréquentes de malpropreté chez les chats.
  • Javel : les chats sont naturellement attirés par les endroits nettoyés par la javel sur lesquels ils urinent.
  • Mauvaise qualité de sommeil : nuit à l’animal qui peut devenir irritable et agressif (exemples : manque d’activité, couchage de mauvaise qualité ou inadapté aux séniors, enfant qui le dérange, volume sonore élevé de la tv ou de la musique…).
  • Modification de ses habitudes ou de ses repères : peut être à l’origine du mal-être de l’animal (exemples : absence prolongée de son maître, arrivée ou départ d’une personne ou d’un animal dans la famille, déménagement, plus accès à l’extérieur…).
  • Tensions avec un animal : le chat anxieux, peut rester prostré en permanence, refuser de manger, être malpropre…
  • Mort d’un compagnon : peut parfois être très douloureux pour un chat et la guérison n’est pas facile.

Les traitements

Il est indispensable de trouver l’origine du trouble comportemental de votre chat afin de traiter la cause profonde. Les solutions visant uniquement à traiter le trouble ne sont souvent pas efficaces et peuvent même l’aggraver ou provoquer l’apparition d’autres problèmes.

Les maladies et les douleurs

Selon le diagnostic, le vétérinaire proposera un traitement médical ou chirurgical et parfois une alimentation spécialisée ou des compléments alimentaires.

La vue

La chirurgie actuelle de la cataracte (reflet bleuté dans l’oeil qui blanchit ensuite), effectuée par un vétérinaire formé en ophtalmologie, est très efficace pour rendre la vue à l’animal et les résultats sont meilleurs lorsqu’elle est réalisée tôt. En attendant, des médicaments et certains compléments alimentaires spécialisés (Sitalan…), ont déjà fait leurs preuves sur de nombreux chats, pour ralentir efficacement l’apparition et la progression de la sénescence du cristallin. Une alimentation riche en antioxydants (vitamines E et C…) est également conseillée.

⚠ Retarder l’opération ne fera que pénaliser le chat, car le cristallin cataracté va devenir de plus en plus épais et dur, rendant ainsi l’intervention plus difficile, puis définitivement impossible. En règle générale, il est important de traiter rapidement toute maladie oculaire, afin d’éviter la cécité irréversible, des complications douloureuses et une dépression chez l’animal.

Le vieillissement cérébral

Des médicaments et des compléments alimentaires contenant des antioxydants et des oméga3 ralentissent le vieillissement cérébral et favorisent la transmission de neuromédiateurs.

Les troubles psychologiques 

Des solutions naturelles à base de plantes ou analogues de phéromones (substances chimiques apaisantes émises par les animaux) et surtout les conseils d’un vétérinaire comportementaliste diplômé peuvent être très efficaces pour traiter la dépression, l’anxiété, l’hyperattachement (souvent dû à l’attitude du maître) et rétablir un meilleur sommeil.

Améliorer le confort de vie de son vieux chat

Tout comme une personne âgée, chaque chat vieillissant a besoin de plus de confort et d’aide pour des choses qu’il pouvait faire avant sans problème. Soyez donc attentifs à ses besoins.

Le confort des repas, du bac à litière et du sommeil

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Porte-gamelles.

La nourriture doit être facile à saisir et molle si votre chat souffre d’arthrose à la mâchoire ou a une dentition en mauvais état.

Optez pour des gamelles d’eau et de nourriture antiglouton (si nécessaire pour sa sécurité), qui ne retiennent pas les odeurs (inox, faïence, verre…), peu profondes et avec des bords évasés. Placez-les légèrement en hauteur pour éviter à votre chat des douleurs (au cou et au dos) et des remontées acides.

De même, un bac à litière plus grand avec des bords bas lui facilite l’accès. Préférez aussi un panier avec couchage moelleux en tissu matelassé de haute qualité car la chaleur y est optimale.

Regroupez tous ses besoins (couchage, nourriture, eau, litière…) au même étage du domicile pour lui éviter d’avoir à emprunter des escaliers en veillant à ce qu’il soit au chaud, au calme et sans courant d’air. Un chat âgé a besoin de plus de repos, sans être dérangé par le bruit, les autres animaux et les enfants pour son équilibre (y compris durant les vacances).

Vous pouvez aussi aménager un plan incliné pour l’aider à monter sur un fauteuil ou sur un arbre à chat et mettre en place une petite échelle pour lui permettre de monter sur la fenêtre où il aime s’installer.

Les repères spatio-temporels

Toute modification des habitudes de votre chat est à éviter autant que possible afin de ne pas le stresser et entraîner une dépression (ayez des horaires fixes pour les câlins, les séances de jeu…). Sa dose de nourriture quotidienne doit toujours être disponible en libre service car les chats grignotent toute la journée. S’il est malvoyant, ne déplacez pas son panier et ses gamelles et évitez de changer la position des meubles afin qu’il ne perde pas ses repères.

Le déménagement et l'accès à l'extérieur

Un chat qui a déjà bénéficié du plein air sera malheureux de ne plus avoir accès à l’extérieur. C’est pourquoi, lors d’un déménagement, il est conseillé de choisir une maison ou à défaut, un appartement situé au rez-de-chaussée, pour qu’il puisse pouvoir sortir et rentrer.

⚠ Lors d’un déménagement, un chat doit toujours prendre ses repères, ses habitudes et créer un lien affectif avec son nouveau maître s’il vient d’être adopté, avant de sortir dans le jardin (minima 1 mois ½ à 3 mois). Par la suite, si vous décidez d’utiliser un GPS spécifique pour savoir où se trouve votre petit félin à chaque instant, pensez à choisir un collier ayant impérativement un système antiétranglement testé par vous-mêmes.

Le rôle du maître

Un chat, surtout lorsqu’il vieillit, a davantage besoin de l’attention, l’affection et la patience de sa famille pour renforcer son sentiment d’être aimé. Ces intentions routinières facilitent la vie de votre petit compagnon :

  • Il est recommandé à toute la famille, de ne plus mettre le chat à l’écart au quotidien, de continuer les interactions familiales (séance de caresses, brossage…). Brossez plus souvent votre chat (au moins deux fois par semaine), s’il a du mal à se toiletter pour éviter les bourres.
  • Masser votre chat régulièrement favorise la circulation sanguine dans tout le corps, une double action sur le moral et le physique que votre animal appréciera indéniablement.

⚠ Le massage peut présenter des contre-indications, demandez l’avis de votre vétérinaire.

Vidéo de démonstration professionnelle :

  • Replacez votre chat au centre de la famille, avec des séances de jeu de 5 minutes par jour ou plus selon ses envies, pour lutter contre l’ennui. Lorsque vous jouez avec votre chat, les éducateurs conseillent de toujours le laisser attraper les jouets environ 1 fois sur 3, pour ne pas perdre son attention, le frustrer ou le rendre agressif.
  • Prévenez votre chat malvoyant ou aveugle en lui parlant pour éviter une mauvaise réaction en le surprenant.
  • Préférez les récompenses aux punitions qui aggravent l’anxiété et donc les nuisances (malpropreté, vocalises…), afin de l’encourager à vous obéir pour vous faire plaisir et non pas par crainte. Rééduquez votre chat comme un chaton (utiliser sa litière, son griffoir…), après vous être assurés qu’il ne souffre pas d’incontinence urinaire ou de troubles de la mémoire auprès d’un vétérinaire.
  • Si votre chat cohabite avec un autre, veillez à prévenir les conflits au maximum pour leur santé et leur bien-être.
  • En cas de malpropreté, nettoyez la litière après chaque passage de votre chat et désinfectez le bac toutes les semaines. Privilégiez une litière non parfumée et un bac spacieux que vous placerez dans un lieu calme. Si votre animal mange sa litière, n’hésitez pas à la changer (ultra agglomérante par exemple), cela peut suffire à régler le problème !

Il est possible de rendre le bac plus attractif en y déposant du bois d’olivier et rendre les lieux où le chat va uriner moins hospitaliers en y supprimant les tapis, et en les remplaçant par une feuille de papier alu (les chats détestent !).

Réservez la javel uniquement pour nettoyer le bac à litière une fois par semaine, cela l’incitera à uriner dedans et pas sur les autres endroits nettoyés avec de l’eau de Javel.

Attention à l'arrivée d'un chaton

L’arrivée d’un chaton ou d’un jeune chat peut stimuler le vieux chat ou au contraire, l’isoler et le sombrer dans un état dépressif. Votre vétérinaire peut vous indiquer, selon la santé et la sociabilité de votre chat, si l’accueil d’un congénère plus jeune peut être positif ou non. Il est préférable d’adopter le chaton au tout début de la période de vieillesse de votre chat pour éviter qu’il le fatigue et soit rejeté.

Aider son chat à surmonter un deuil

La mort d’un compagnon peut parfois être très douloureuse pour un chat et la guérison n’est pas facile. Le chat aura besoin d’une attention particulière de sa famille à son égard pour l’aider dans cette épreuve difficile. En accueillant un nouvel animal dans la maison, certains chats peuvent se montrer heureux, tandis que d’autres resteront dépressifs.

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